• Avril 2009, de la 04ème à la 11ème toile

     

    Donc, reprenons ensemble : 3 toiles peintes entre le 21 et 26 mars 2009. Bien que nous étions en plein déménagement durant ce mois de mars, (donc en pleine effervescence), une boulimie et une avidité de créer se sont emparées de moi.

     

    Comme une gamine, emplie d'une joie toute juvénile, je voulais tout essayer, tout découvrir et il me fallait absolument peindre, mélanger des couleurs, tester de nouvelles matières, toucher des textures, rien ne pouvait m'arrêter, pas même le temps. Ce temps qui me manquait un peu, j'allais le grapiller en me couchant très tard le soir, la nuit en fait, et en me levant aux aurores. Et tant pis pour les cernes !

     

    J'avais déjà utilisé des peintures acryliques, de base ou composites, des pâtes granuleuses, sablées, du vernis-colle, du polystyrène, des chiffons mais pour cette 4ème toile, je voulais travailler mes reliefs et des matières différentes. 

     

    Corde, pochoirs, morceaux de carton, fourchettes pour les griffures, là, j'avoue que je me suis dispersée. Sur le moment, j'étais toute contente de ma petite ingéniosité pour insérer des matières nouvelles qui donnaient du relief à ma toile et je disséquais chaque détail du tableau : "n'y avait-il  pas de tâches, était-ce propre, la juxtaposition de matières était-elle cohérente?" En fait, j'oubliais l'essentiel, c'est-à-dire "voir" l'ensemble, et l'ensemble était beaucoup trop chargé, je n'étais plus dans l'harmonie mais dans la démonstration.

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     Pas grave, l'expérience se forge peu à peu.

    Jeudi 02 avril 2009 : déménagement. Durant quelques jours, je fus bien obligée de mettre ma passion entre parenthèse. Mais très rapidement tout fut installé et j'allais enfin pouvoir peindre ma 5ème toile dans ma toute nouvelle maison.

     
    Jeudi 09 avril 2009

    Une semaine après le déménagement, il me restait encore de nombreuses pièces et murs à décorer. Pourquoi aller acheter des tableaux si je pouvais en faire moi-même ? Et puis, même hypothétiques, les prémices de mon travail d'apprentie-peintre laissaient présager de jolies perspectives créatrices et pourquoi pas, peut-être, d'intéressantes réalisations. Comme dit le proverbe, "c'est en forgeant qu'on devient forgeron", de vastes horizons s'ouvraient devant moi et j'allais donc m'exercer, m'entraîner, forger toute seule ma propre expérience.

    Le couloir de mon entrée n'était pas encore décoré, j'allais me charger de combler ce vide. Cette fois-ci, je recherchais l'harmonie entre les couleurs de mon couloir et ma future composition. Il me fallait de la douceur dans des rosés et beiges, de la luminosité dans des gris argentés et de la légèreté grâce à des envolées de peinture qui fuseraient sur ma toile.  Dans une ambiance de musique tropicale, très zen, je me lançai et voici le résultat.


                                  Avril 2009, de la 04ème à la 11ème toile


    Samedi 11 avril 2009

    Après avoir orné un pan de mur de mon couloir d'entrée, je voulais tout de suite passer à la décoration de ma cuisine.


    Courant mars, j'avais eu un coup de foudre pour un tableau en relief, vendu dans un magasin d'ameublement. J'avais hésité à l'acheter notre priorité étant à ce moment là, l'acquisition de meubles pour notre future maison. Après le déménagement, regrettant mon hésitation, je suis retournée dans ce magasin, hélas, le tableau était vendu. J'étais frustrée d'être ainsi privée de l'objet de ma convoitise. Il me le fallait et si je ne pouvais plus l'acheter, j'allais le faire moi-même, à ma façon.


    J'avais une idée très précise de ce que je souhaitais : je désirais une toile qui donnerait à ma cuisine un aspect chaleureux, convivial tout en renforçant le côté rustique et provençal. Je voulais mon tableau vivant, évocateur de toutes les bonnes odeurs qui accompagnent le petit-déjeuner : les arômes de torréfaction d'un bon café, les douces senteurs d'un pain chaud qui sort du four, les effluves de la brioche grillée et des petits croissants. Une toile, de toute façon, n'aurait pas suffi à tout concentrer : soit, j'en ferais 2.


    La conception de ce tableau allait me prendre beaucoup de temps.

     
    J'ai utilisé un châssis 80 x 60 sur lequel j'ai rajouté une petite planchette à sa base qui allait me servir de support pour déposer mes croissants et baguettes en pâte à sel. Vous décrire le travail nécessaire pour  la création de ce tableau serait long et fastidieux. A chaque étape, j'adoptai des techniques de peinture différentes pour respecter mon objectif : apporter un côté rustique et chaleureux à ma toile. Ci-dessous, en photos, les détails de mon travail, étape par étape.

     

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    Peinture acrylique, stylo peinture or pour l'écriture, peinture ardoise, toile de jute pour les sacs et même vraie farine pour la touche d'authenticité ! Je savais que j'allais positionner ensuite mes viennoiseries sur la base, j'ai effectué plusieurs essais, des imbrications différentes, et pourtant, il manquait quelque chose à cette toile. Je cherchais, je cherchais... L'illumination vint ! Un petit boulanger devant son fournil, voilà ce qu'il manquait.

     

    Là aussi, j'en ai passé du temps à dessiner, puis peindre mon petit boulanger et son four. Enfin, je pouvais passer à l'étape finale : cuire ma pâte à sel. Je n'en avais jamais fait. Une boulangère de mon village m'avait donné une petite astuce pour faire mes croissants sans pâte à sel... Mais chut, respectons le secret de fabrication.


    Le pistolet à colle me permis ensuite de fixer le tout. Accroché au mur, à gauche de la fenêtre, mis en lumière par les spots de ma cuisine, mon tableau fait plus vrai que jamais. Appétissantes non, mes petites viennoiseries ?

     

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    Maintenant, l'illustration du café sur l'autre face du mur, côté droit. Pour la toile suivante, j'allais chercher l'inspiration sur internet, frappant dans le moteur de recherche "images tasse à café", "pub café", "dessin cafetière", etc. Je mixai un peu toutes ces idées imagées pour adapter un ensemble cohérent et en phase avec les couleurs de ma cuisine.

     

     Une mauvaise surprise m'attendait durant l'élaboration de cette 8ème toile, en ce 16 avril 2009. Je n'avais pas eu de difficulté majeure pour dessiner mon petit boulanger, mes tranches de pain de mie ou mes pains de campagne,  mais alors, mes tasses à café... quelle souffrance ! Force fut de constater que je ne maîtrisais absolument pas les techniques de perspectives, profondeurs, champ visuel... Combien d'essais ratés, de raturages, de couches de peinture l'une par-dessus l'autre pour cacher "la misère" de mes erreurs !


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    La tasse centrale fut pénible à dessiner ; sans être trop exigeante, il me fallait reconnaître qu'elle était bien laide cette tasse. Après plusieurs tentatives infructueuses mais consciente que le châssis "souffrait" sous l'humidité de couches de peinture répétées, j'ai stoppé net. De colère et de lassitude, j'ai donné un grand coup de pinceau sur cette partie de ma toile. Mais, je n'ai pas renoncé pour autant. Je n'allais pas bloquer sur cet obstacle. Il faut que vous sachiez une chose : lorsque je commence un tableau, rien ne m'arrête, j'ai des œillères de chaque côté de la tête, je ne vois plus que ma toile, j'en oublie tout le reste, jusqu'à l'aboutissement. J'ai redessiné la tasse, la soucoupe, 2 petits morceaux de sucre et hop, j'ai récupéré l'ensemble.

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     Oh, ce n'est pas de la grande peinture, j'en conviens. Mais pour décorer ma cuisine, c'était suffisant.

     

    Avril 2009, de la 04ème à la 11ème toile

      

    Samedi 18 avril 2009 : 9ème toile. Une petite réalisation rapide pour meubler mon couloir d'entrée.

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    Dimanche 19 avril 2009

    La veille au soir, le samedi 18 avril, dans un restaurant de Besançon, j'avais admiré une superbe fresque sur le mur du couloir d'entrée : 6 mètres de longueur environ sur 2.50 m de hauteur, un décor abstrait aux teintes chaudes, rouges, oranges, des personnages féminins dans des robes-fourreaux, chapeaux, perles, des gestes gracieux...  Il n'en fallait pas plus pour aiguiser mon intérêt et mon soudain appétit de peindre. Je réalisai donc cette 10ème toile dés le lendemain, avec des teintes plus douces, plus tendres : du violine me semblait parfait.

                                     
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    Pour cette occasion, je testai de nouvelles matières qui procurèrent ensuite à ma toile des reliefs étonnants. Delphine l'apprentie-peintre devenait aussi l'apprentie-chimiste.

     

    Après le mélange de la peinture à cette nouvelle matière, la texture en résultant me parut, comment dire... moutonneuse. Etait-elle fiable, allait-elle perdurer avec le temps ? Je pris le risque de l'appliquer tout de même sur les côtés. Lorsque l'eau fut totalement évaporée, j'obtins un résultat tout en aspérités. Il manquait maintenant de la douceur au tableau. Quelques vagues de peintures 3 D couleur or et, en contraste avec les pans inclinés des côtés, j'ajoutai sur la base, des écorces d'infusion fraises-fruits rouges. Le résultat me plu, et comble de luxe, il était parfumé !

     

    Quelques jours plus tard, mon amie d'enfance, Carmen, qui adore le violet, eut un véritable coup de foudre pour cette toile et c'est avec une immense joie que je la lui offris.

     
                              



    Lundi 20 avril 2009

    Je m'étais appliquée pour créer la 10ème toile car elle naissait d'une envie irrépressible suscitée par la vision de la fresque. Pour cette 11ème toile, j'ai travaillé dans la rapidité, une création qui avait pour unique motivation de meubler une montée d'escalier. Ce fut peint sans passion réelle, sans véritable élan artistique. Comme pour la 4ème toile, j'y avais mis plus de technique que d'âme et  finalement, il n'est pas resté longtemps accroché au mur car je m'en suis lassée aussi vite que je l'ai peint. Jugez plutôt.  



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    Depuis, je l'ai recyclé en 4 toiles différentes dont un triptyque représentant des femmes que je vous ferai découvrir plus tard.

     
    Un mois venait de s'écouler depuis ce 21 mars, date de ma première ébauche en peinture. La simple curiosité qui m'animait au départ s'était muée peu à peu en un sentiment beaucoup plus fort, un attrait irrésistible de me consommer dans cet art. 

     

    J'éprouvais un besoin impérieux de tout connaître, de tout apprendre, une envie sans cesse renouvelée jour après jour, de peindre, de créer,  et qui m'entraînait vers des contrées inconnues. Je n'avais aucune connaissance en la matière, aucune notion basique sur les couleurs primaires par exemple, pas d'approche globale de la peinture,  pas plus que de références sur lesquelles m'appuyer ou grâce auxquelles j'aurais pu diriger mon travail. En revanche, j'avais ce désir tenaillé au corps et à l'âme de continuer mon apprentissage, de me laisser aller sur le chemin de la création....